Alors que la guerre à Gaza se poursuit et que de nombreux États et organisations internationales s'inquiètent de la situation humanitaire sur place, l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a publié vendredi 1er août un long texte sur le réseau social X appelant à une prise de conscience du monde face à ce qu'il qualifie de "crime de génocide" à Gaza. Son message sur X reprend la tribune qu'il a publiée jeudi 31 juillet dans le journal Le Monde
"Aujourd'hui, en regardant Gaza, en observant jour après jour ce qui s'y déroule, je dois me rendre à l'évidence tragique : un crime a lieu à Gaza, un crime de génocide", écrit-il, alors que les bombardements israéliens se poursuivent et que le nombre de victimes civiles ne cesse de s'alourdir selon les dernières estimations de l'ONU.
"Se taire, c'est se rendre complice. Nommer, c'est déjà agir. Oui, il faut aujourd'hui appeler les choses par leur nom. À Gaza, sous nos yeux, c'est bien un génocide qui se déroule", poursuit l'ancien chef du gouvernement, qui interpelle explicitement la communauté internationale et souligne la responsabilité affichée du gouvernement israélien. Pour Dominique de Villepin, l'intention du gouvernement de Benjamin Nétanyahou "n'est pas abstraite" : "elle est annoncée, clamée, revendiquée […], avec la complicité de l'administration américaine et la passivité des États européens". Selon lui, Benjamin Nétanyahou et de nombreux responsables politiques israéliens "assument désormais ouvertement le projet d'effacer tout un peuple".
"Prendre position clairement, fermement"
Alors que la communauté internationale reste impuissante face au drame humanitaire, Dominique de Villepin déplore que "trop de consciences, partout dans le monde, préfèrent ne pas voir, préfèrent ne pas savoir, et détournent volontairement le regard de cette réalité douloureuse". Il lance un appel "aux consciences, aux peuples, aux États, pour que soient enfin rompus le silence et l'inaction". Face à la gravité de la situation, il exhorte chacun, "intellectuel, artiste, citoyen" à "prendre position clairement, fermement, immédiatement". Celui qui s'est opposé aux Etats-Unis à l'ONU avant l'invasion de l'Irak en 2003 met en garde contre "la complicité passive qui rend possibles les pires tragédies humaines ".
"Nous avons le devoir moral absolu d'agir, de parler, de nous opposer à cette folie meurtrière […] Reconnaître cette vérité doit plus que jamais nous conduire à refuser tout amalgame, toute essentialisation, à rester attentifs et vigilants pour prévenir tout regain d'antisémitisme", ajoute-t-il. Dominique de Villepin appelle à des mesures concrètes telles que la suspension immédiate de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël, le soutien à la poursuite des responsables israéliens devant la Cour pénale internationale, et l'acheminement de l'aide humanitaire par une intervention armée légitime. Il réclame également l'ouverture de Gaza aux journalistes et une amplification de la mobilisation pour la reconnaissance d'un État palestinien viable. "Seuls, nous ne pouvons rien. Ensemble, nous pouvons tout", conclut-il.
Source : Franceinfo.fr, 02/08/2025