A l'occasion du départ du Navire Handala, Flottille de la Liberté pour Gaza, nous avons voulu revenir sur ce personnage désormais mythique qu'est devenu Handala, entre symbole d'espoir, de justice et de résistance.
Dans la galaxie des symboles de lutte et d’espoir, Handala occupe une place à part. Ce petit garçon aux cheveux hérissés et au dos tourné est bien plus qu’un simple personnage de bande dessinée : il est devenu, au fil des décennies, le visage silencieux mais éloquent de la résistance palestinienne. Dessiné pour la première fois en 1969 par le caricaturiste Naji al-Ali, Handala incarne la douleur de l’exil, la dignité du peuple palestinien, et la promesse d’un retour inébranlable.
Dans cet article, nous revenons sur l’origine de Handala, sa portée symbolique, son héritage contemporain, et comment ce personnage continue d’inspirer à travers le monde, y compris dans la mode et les produits engagés.
1. Qui est Handala ? Origine et signification d’un symbole
Handala naît en 1969 de la plume du caricaturiste palestinien Naji al-Ali, réfugié au Liban après avoir fui la Palestine en 1948 à l'âge de 10 ans. Dans ses dessins politiques acérés, Al-Ali critique toutes les formes d'oppression : l’occupation israélienne, les régimes arabes corrompus, mais aussi les compromissions internationales.
Mais c’est Handala, petit garçon toujours vu de dos, les mains croisées dans le dos, qui deviendra le fil rouge de son œuvre. Pourquoi ce nom ? Al-Ali explique qu’il vient du handhal, une plante du désert palestinien rugueuse, amère et résistante, capable de pousser dans les conditions les plus dures. À l’image de son peuple.
Les caractéristiques de Handala :
-
Il a 10 ans — l’âge qu’avait Naji al-Ali quand il a été contraint à l’exil. Il ne vieillira plus tant que le peuple palestinien ne pourra pas revenir librement sur sa terre.
-
Il tourne le dos au monde, sauf à la justice. Il refuse de se faire le complice de l’injustice, quelle que soit sa source.
-
Il est pieds nus, vêtu de haillons — symbole des réfugiés, de la pauvreté, mais aussi de la dignité.
-
Ses mains croisées dans le dos expriment une position d’observateur critique, en retrait, mais déterminé.
Ainsi, Handala est l’enfant de la Nakba, de l’exil et du refus. Il est devenu une conscience collective silencieuse, un observateur intransigeant de l’histoire.
2. Un message universel : entre résistance et humanité
Si Handala est profondément palestinien, il touche un public bien plus large. En effet, sa figure muette est devenue le symbole universel de l’enfance privée de justice, du réfugié que le monde ignore, du peuple opprimé que l’on refuse d’écouter.
Pourquoi Handala parle-t-il à tant de gens ?
-
Parce qu’il ne parle pas, mais observe : chacun projette en lui sa propre interprétation.
-
Parce qu’il n’appartient pas à un parti, ni à une religion : il est le symbole d’un peuple, pas d’une idéologie.
-
Parce qu’il ne vieillit pas tant que la justice n’est pas faite — il incarne l’attente obstinée de tout peuple spolié.
Naji al-Ali a été assassiné en 1987 à Londres, d'une balle dans la tête. Jusqu’à aujourd’hui, les commanditaires de ce meurtre ne sont pas officiellement identifiés. Mais Handala, lui, a survécu à son créateur. Il est partout : sur les murs de Gaza, dans les camps de réfugiés, dans les manifestations, sur les réseaux sociaux… et sur des vêtements, des bijoux, des objets du quotidien.
3. Handala dans la culture populaire et les produits militants
Aujourd’hui, Handala est l’un des symboles les plus puissants de la cause palestinienne — aux côtés du drapeau, du keffieh et de la clé du retour. On retrouve son effigie dans l’art urbain, les tatouages, les affiches militantes, les livres, et de plus en plus dans la mode engagée.
Handala et la mode militante
Nombre de créateurs et d’artisans palestiniens ont intégré Handala dans leurs créations pour :
-
Célébrer l’identité palestinienne
-
Transmettre un message politique fort sans mots
-
Soutenir l’économie locale ou solidaire
Sur les sites comme Boutique Palestine, on trouve :
-
Des t-shirts Handala ou sweats Handala, symboles à porter fièrement
-
Des pins Handala, colliers Handala, badges Handala, discrets mais puissants
-
Des casquettes Handala, tote bags et carnets portant son image
Chaque achat devient ainsi un acte militant, une manière de revendiquer une solidarité visuelle, de faire vivre la mémoire et la résistance palestinienne dans l’espace public.
4. Pourquoi continuer à faire vivre Handala aujourd’hui ?
Dans un monde saturé d’images, Handala reste unique : un personnage immobile, sans visage, mais chargé d’émotion et de sens. Il nous rappelle que derrière chaque conflit, il y a des enfants privés de leur enfance, des peuples privés de leur droit à exister.
Alors que la situation en Palestine reste dramatique, et que les souffrances se poursuivent, Handala est là pour témoigner. Son regard tourné dans notre dos nous pousse à nous retourner à notre tour, à observer, à réfléchir, à agir.
Ce que Handala nous enseigne :
-
La résistance n’a pas besoin de violence pour s’exprimer
-
L’image est parfois plus forte que le discours
-
L’espoir peut se loger dans le silence, dans l’attente digne
Handala, un appel silencieux à la justice
Handala n’est pas une simple icône artistique. Il est le témoin intemporel d’une injustice qui dure, l’écho muet de millions d’exilés, et le symbole indélébile de la cause palestinienne. À travers lui, Naji al-Ali a donné au monde une figure de combat, d’espérance et d’humanité.
Porter Handala, afficher Handala, c’est refuser d’oublier, c’est rappeler au monde que la Palestine vit encore, dans les cœurs, dans les luttes, dans les créations.